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Date: Fri, 19 Sep 1997 14:17:51 -0400 (EDT)
From: Jon Beasley-Murray <jpb8-AT-acpub.duke.edu>
Subject: Re: AUT: Toni Negri (french)


Dear all:

I have just been speaking to Michael Hardt, who asked me to pass on the
information that he is translating the petition below into English, and
that this should be ready by Monday of next week.  He will also be
coordinating some aspects of the gathering of signatures in the US.

I will post the translation on Monday or Tuesday.

Take care

Jon

On Fri, 19 Sep 1997 laurent-AT-ecn.org wrote:

> APPEL
>               Liberté pour Toni NEGRI
>               Pour en finir avec les années de plomb en Italie !
>
>       Toni Negri est en prison =E0 Rome depuis le 1=B0 juillet 1997. Condamné
> de fa=E7on définitive =E0 plus de 13 ans de prison, sans compter un dernier
> verdict en attente de cassation, il risque de voir sa détention se
> prolonger encore longtemps. Exilé en France depuis 1983, il est rentré de
> son plein gré en Italie avec la volonté de contribuer, par ce geste, =E0 la
> résolution du  probl=E8me des exilés et des détenus poursuivis ou condamnés
> pour des faits survenus au cours des " années de plomb ". Il demeure
> environ 180 personnes détenues dans les prisons italiennes =E0 ce titre;
> quant aux exilés en France, il en reste environ 150.
>       Professeur =E0 l'Université de Padoue et philosophe mondialement connu,
> Toni Negri avait été incarcéré le 7 avril 1979; il était accusé "
> d'insurrection armée contre les pouvoirs de l'Etat " et pour donner corps =E0
> cette accusation énorme, il était présenté comme le véritable chef occulte
> des Brigades Rouges qui avaient enlevé et assassiné Aldo Moro, Président de
> la Démocratie Chrétienne. Negri a toujours nié cette accusation absurde
> dont a été au reste formellement acquitté. Son inculpation a été plusieurs
> fois modifiée. Apr=E8s  quatre ans et demi de prison préventive, il fut
> présenté par le Parti Radical comme député, et le suffrage universel le
> sortit de la prison. Lorsque la Chambre des Députés vota la levée de son
> immunité parlementaire =E0 une courte majorité, il se réfugia en France. Les
> procédures engagées contre lui sous de multiples incriminations dans
> plusieurs proc=E8s aboutirent  =E0 sa condamnation, notamment =E0 Rome sur la
> base des déclarations d'un " repenti " qui fut expédié en Amérique Latine
> d=E8s l'ouverture du proc=E8s. Amnesty International avait dénoncé =E0 l'époque
> les graves irrégularités juridiques qui avaient marqué son proc=E8s et celui
> de ses coll=E8gues de l'Université de Padoue. Durant son exil, Toni Negri a
> travaillé en France comme enseignant =E0 l'Université de Paris VIII, au
> Coll=E8ge International de Philosophie et comme chercheur en sciences
> sociales. Il y a publié de nombreux ouvrages.
>        Du fait de sa notoriété, Negri est devenu la figure emblématique de
> l'extr=EAme-gauche italienne des années soixante-dix. A partir de l'automne
> chaud en 1969,  s'était ouverte en Italie une période de conflits sociaux
> exacerbés marquée par le r=F4le tr=E8s ambigu de certains services de l'Etat
> dans ce qu'on a appelé la " stratégie de la tension ", c'est-=E0-dire la
> manipulation de groupes néo-fascistes responsables des massacres de Piazza
> Fontana et de l'attentat particuli=E8rement meurtrier de la gare de Bologne.
> La radicalisation de la gauche extra-parlementaire et du mouvement social a
> conduit  une frange importante de militants sur les chemins d'une violence
> diffuse et pour quelques uns de la lutte armée. Entre 1976 et 1980, des
> dizaines de milliers d'entre eux ont été poursuivis et plus de cinq mille
> personnes arr=EAtées. Des centaines de condamnations tr=E8s lourdes ont été
> prononcées sur la base de plusieurs lois d'exception toujours en vigueur,
> dont principalement la loi dite des " repentis ". Elle fait des
> déclarations des " repentis " la base suffisante pour condamner ceux qu'ils
> impliquent et autorise la mise en liberté de condamnés pour crimes de sang
> et diverses mesures de " reclassement " par l'Etat pour prix de la
> délation. Autre loi d'exception : la durée de détention préventive a été
> portée, de mani=E8re rétroactive, =E0 douze ans. Cette législation  est
> radicalement  incompatible avec les principes de l'Etat de droit et les
> r=E8gles minimales en mati=E8re de procédure pénale, telles qu'elles sont
> définies par les articles 5 et 6 de la Convention européenne des droits de
> l'homme et protégées par la Cour européenne des droits de l'homme. On peut
> estimer  que c'est en raison du caract=E8re éminemment contestable de cette
> législation  que les démocraties voisines ont nourri de sérieuses réserves
> au point que le Royaume-Uni et la France  n'ont pas donné suite, =E0 de tr=E8s
> rares exceptions pr=E8s, =E0 plus de soixante-dix  demandes d'extradition
> présentées par les autorités italiennes, quelle que soit la majorité
> politique au pouvoir. Pour la m=EAme raison sans doute, les  quelques cinq
> cents réfugiés accueillis en France au cours de ces années n'ont jamais été
> inquiétés. Insérés dans la société  fran=E7aise par leur vie familiale, leur
> travail, ces réfugiés n'entendent pas compromettre leur avenir et la vie
> qu'ils se sont construite pour purger des condamnations vieilles d'un quart
> de si=E8cle et prononcées  dans les conditions que l'on sait.
>
>           L'objet du présent appel ne peut en aucune fa=E7on =EAtre interprété
> comme une mani=E8re de cautionner rétrospectivement le comportement réel ou
> supposé, mais imputé aux personnes  poursuivies ou condamnées pour des
> faits datant de ces années de plomb. Au demeurant l'attitude et les
> déclarations des réfugiés ou des personnes condamnées en Italie sont sans
> ambigu=EFté. Selon leur propres déclarations, la " guerre " est finie. " Il
> s'agit d'une histoire terminée ". Une démocratie digne de ce nom doit
> savoir tourner la page. Or, entre les exilés, les détenus, les personnes en
> semi-liberté, quatre cent personnes demeurent exclues de la vie civile. Un
> probl=E8me de cette dimension ne saurait =EAtre réglé convenablement au cas par
> cas. C'est pourquoi dans l'attente d'une vraie solution en Italie qui n'a
> que trop tardé, les réfugiés doivent voir leur situation régularisées dans
> leur pays d'asile.
> 
>           Un projet d'indulto (remise de peine votée par le parlement)
> déposé depuis  neuf ans, n'est toujours pas voté.  Sans =EAtre négligeable,
> un tel projet ne résoudrait pas le probl=E8me  des réfugiés. La seule
> solution pour Toni Negri et ses compagnons d'infortune, c'est une loi
> d'amnistie. Or, la seule amnistie votée en Italie le fut en 1946, =E0
> l'initiative de Togliatti et elle concernait les fascistes. En revanche,
> pour des faits liés =E0 la guerre d'Algérie et d'une gravité au moins
> équivalente =E0 ceux des années soixante-dix en Italie, la France a accordé
> l'amnistie aux insoumis, aux " porteurs de valise " mais aussi aux membres
> de l'OAS.
>         Attachés aux principes de l'Etat de droit et au rétablissement des
> droits de l'homme partout et pour tous ceux qui en ont été privés, =E0
> l'heure o=F9 l'Italie int=E8gre l'Europe de Schengen, nous demandons instamment
> aux parlementaires italiens de répondre favorablement =E0 cet appel =E0 la
> clémence en adoptant une loi d'amnistie dans les plus brefs délais. Nous
> invitons également tous les parlementaires de l'Union européenne =E0
> effectuer les démarches appropriées aupr=E8s des autorités italiennes
> compétentes pour accélérer la remise en liberté de Toni Negri. S'il a
> symbolisé une époque, sa liberté en symboliserait une autre, plus heureuse
> et apaisée. Enfin, en  abrogeant un arsenal de lois d'exception
> incompatibles avec la Convention Européenne des droits de l'homme, l'Italie
> honorerait son ancrage résolu dans l'Europe.
>
>
> Pétition associée au texte de l'appel  
>
> Apr=E8s en avoir pris connaissance, nous nous associons =E0 l'appel en faveur
> de la  mise en liberté de Toni Negri, pour en finir avec les années de
> plomb en Italie .
>
>         Toni Negri était en France depuis 14 ans.  Il s'y était réfugié en
> 1983, apr=E8s quatre ans et demi de prison préventive. Il est retourné
> volontairement en Italie o=F9 il a été condamné =E0 des  peines de prison pour
> des raisons éminemment politiques =E0 partir d'un arsenal de lois d'exception
> (lois des repentis, détention préventive de 12 ans) qui sont incompatibles
> avec la Convention européenne des droits de l'homme.
>          Il est en prison depuis le premier juillet 1997 et sa mise en
> liberté (ne serait-ce qu'une semi-liberté) n'est toujours pas intervenue.  
>          Quatre cent personnes sont encore exclues de la vie civile  en
> Italie pour des incriminations politiques qui remontent  =E0 pr=E8s de 20 ans.
> Plus de 150 réfugiés italiens en France ne veulent pas détruire leur
> insertion pour purger des peines prononcées =E0 partir de lois d'exceptionLes autorités européennes de droite ou de gauche, ne les ont pas extradés.
> C'est dire ce qu'elles pensent sotto voce  de cette législation.
>         La violence diffuse des luttes sociales sur laquelle s'est greffé
> le "terrorisme" italien est une affaire terminée depuis longtemps. Quelle
> démocratie peut prétendre appliquer =E0 l'encontre de condamnés politiques,
> une législation plus sév=E8re que pour les détenus de droit commun, vingt ans
> apr=E8s les faits incriminés ?
>         La mise en liberté de Toni Negri doit ouvrir enfin la voie d'une
> amnistie qui n'a que trop tardé. Seule l'abrogation de lois d'exception et
> le vote d'une loi par le parlement italien en finiraient  vraiment avec les
> " années de plomb ". Tant que ces conditions ne sont pas réunies nous
> souhaitons  aussi que les pays de l'Union Européenne garantissent le séjour
> des exilés italiens. Nous demandons enfin aux parlementaires des autres
> pays de l'Union et =E0 ceux de l'Assemblée de Strasbourg d'effectuer toutes
> les démarches  allant dans ce sens.
> ________________________________________________________
>  Nom          Fonction ou titre     Adresses     Tel.   fax.   ou e-mail
>    Signature
> ________________________________________________________
> Parmi les premiers signataires de cet appel:
> 
> E. Balibar (philosophe), J.L. Benhamias (Secrétaire général des Verts),
> O.Bétourné (Editions Fayard), Ch.Bourgois (éditeur), P.A. Boutang
> (producteur-réalisateur), R. de Ceccatty (écrivain), G. Ch=E2telet
> (mathématicien), M. Chemillier-Gendreau (juriste), R.Debray (écrivain), C.
> Dolto-Tolitch (médecin), V.Forrester (écrivain), S. Gisselbrecht
> (Inserm),G. Kejman (avocat), A.Lipietz (économiste), B. Marger (Cité de la
> Musique), J.F. Masson, (médecin), F. Matta (artiste), G.Perault,
> (écrivain), M.Plon (psychanalyste), A. Querrien (urbaniste), J. Ranci=E8re
> (philosophe), E.Roudinesco (écrivain), S. Silberman (producteur), Ph.
> Sollers (écrivain), G. Soulier (juriste), I. Stengers (philosophe).
> Le Comité de rédaction de la Revue Futur Antérieur     
>
> Signatures =E0 adresser =E0  Yann Moulier Boutang  fax: 01 45 41 53 91 ou
> E-mail: <Yann.M.Boutang-AT-wanadoo.fr>
>
>
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>      --- from list aut-op-sy-AT-lists.village.virginia.edu ---
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Jon Beasley-Murray
Literature Program
Duke University
jpb8-AT-acpub.duke.edu
http://jefferson.village.virginia.edu/~spoons


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