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Date: Sun, 17 Aug 1997 11:26:16 +0200 (MET DST)
Subject: Re: _The Greater Festival of Masks_ pt. 2


Edward,

I have been interested with your thought.

Here is something I wrote about gnosticism.


The theme  :   Jesus is his own father.


I am sorry that it is in french.

But perhaps can you read a piece of knowledge,
poetry and humor ?

In you want, you can choose some sentence, that I could
translate to you.


Raphael




Here is the text  :


					L'ETABLE  DE  LA  LOI



En ce temps-l=E0, le p=E8re présumé de Jésus était en Galilée ...
Il venait de se marier avec une superbe jeune fille, dont il lui semblait
qu'elle pouvait porter de beaux enfants, par
analogie avec les vaches et les brebis qu'il c=F4toyait, quand il interrompait
chaque jour son dur labeur dans les
chantiers.
Myst=E8re de cette joie des animaux, aux visages tellement humains, comme
Chagall en fut noblement fasciné, et qui
enchantent =E0 l'infini, dans cet obsc=E8ne si pur de la simplicité.

Fabriquant de croix, pour un usage encore imprécis, Joseph avait été séduit
par les doux yeux de Marie, qui r=EAvait
sans cesse, sans qu'il sache =E0 quoi.
En tout cas, pas =E0 lui.
Mais il espérait encore, dans un amour sans fin et sans indice de succ=E8sMais sans la conna=EEtre, =E0 aucun point de vue.
Sans rien savoir d'elle, d'autre que le charme troublant de son corps et de
sa démarche.

Quand le ventre de Marie devint prononcé, démentant provisoirement sa beauté
antérieure, Joseph  soup=E7onna
tout l'entourage.
Pourtant, il était d'un naturel confiant.
Avec lui, elle n'accepta jamais aucune caresse,  et tous les enfants qui
naquirent ressemblaient  étrangement aux
différents villageois de Betléhem.

Le seul qui n'eut pas d'enfant =E0 sa ressemblance, en dehors de Joseph, fut
un =EAtre stérile, qui dut faire appel =E0 la
fécondation in-vitraux pour avoir tout de m=EAme une décente progéniture.
L'histoire ne nous a pas laissé le nom de cet homme, et seulement le
sobriquet qui lui fut donné, allez savoir
pourquoi  :  "grenouille de jeune bénitier".

Quand le fils de Marie naquit, on l'appela "Jésus".
C'était un nom assez rare, de nature =E0 égayer la contrée dans sa dimension
insolite, promise =E0 de nombreuses et
opini=E2tres, obsessionnelles réminiscences.

Longtemps, Joseph pensa que le p=E8re était Judas, qui couva par la suite
Jésus comme un disciple bien-aimé, sans
doute pour de bonnes raisons de chair.
Avant de s'occuper de la caisse de l'association qu'il créa, régie par la
loi de l'an 0001, puis de le trahir, quand
Jésus y joua un r=F4le qu'il jugea excessif, ce qu'il trouva, lui, inadmissible.

Jésus avait d'étranges idées, que personne ne comprenait.
Il en indignait m=EAme plus d'un, parmi ses tout proches.
Fl=E2nant parmi les animaux et les oiseaux, il avait un grand désir de tuer
son p=E8re, comme c'est la tradition dans
beaucoup de belles familles.
Et il ne s'en cachait pas, charmant dans ses doux r=EAves d'adolescent.
Il ne supportait pas de se voir appeler "mon fils" par Joseph, avec une
imperceptible nuance de moquerie
contrariée dans la voix de ce "p=E8re" frustré.
Comme s'il était responsable des caresses splendides auxquelles sa m=E8re
s'était adonnée ...
Lui, un innocent.
Comme il les approuvait  !   Comme elles le faisaient r=EAver  !

Un jour, il tua enfin son p=E8re, simplement avec ses outils de travail.
C'était plus pratique qu'avec une feuille de papier, un stylo, qui ne sont
décidément pas faits pour cela.
Il cacha le corps dans le sable, par référence amicale envers l'égyptien tué
par Mo=EFse.
Jusqu'au bout, Jésus porta sa croix, obligé qu'il fut de se débarrasser de
la trace encombrante du corps mystique
d'un faux p=E8re.

D=E8s lors, il lui sembla avoir un devoir tr=E8s doux, impérieux et précis
envers sa m=E8re, devenue une jeune fille seule.
Il n'est pas bon que la femme, elle non plus, soit seule.
Elle prétendait qu'elle était vierge, et, délicieusement puceau lui-m=EAme, il
avait une ardente envie de s'en assurer,
sans tr=E8s bien savoir en quoi cela consistait.
Personne ne lui avait jamais parlé de ces ardentes et mystérieuses questions.

Chaque soir, il c=E2linait Marie, et lui témoignait, par les caresses les plus
tendres, qu'il avait totalement effacé
l'inconsistance présence de ce p=E8re qui ne l'avait jamais touchée, et qu'il
br=FBlait de remplacer avantageusement
aupr=E8s d'elle.
Ce p=E8re, qu'il n'avait jamais reconnu, dont il n'avait rien apprécié.

Quand Marie voulait lui révéler le "secret" de sa naissance, Jésus la
faisait taire, simplement en posant sa main
tremblante sur sa bouche aimée.
Et cela leur donnait l'occasion d'une caresse de plus, qui les émouvait
au-del=E0 de toute sensation, de toute émotion
m=EAme.
Dans le myst=E8re de la Trinité du couple qu'ils formaient, lui, elle, et ce
p=E8re mystérieux.

Il voulait continuer =E0 r=EAver et =E0 errer =E0 sa guise, dans les collines
enchantées de Judée, o=F9 les rochers et les
animaux avaient pris l'habitude de le suivre gentiment, chaque fois qu'il
citait un verset biblique  :  cela leur
rappelait quelque chose, mais ils ne savaient pas quoi.
En tout cas, le verset était si beau  !   Ils en étaient enchantés, tout
retournés.
Il faut dire que la culture des rochers et des animaux est relativement
faible,  surtout en Judée, o=F9 on a d'autres
soucis.

Un oiseau voletait quelquefois =E0 tire-d'aile.
Il était heureux de rester en vie, contrairement =E0 ceux de ses congén=E8res
(et non coreligionnaires) qui tombaient
foudroyés quand Yonatan ben Ouziel enseignait la Tora.
Lui dont on ne sait pratiquement rien  :  il avait d=FB magnifiquement
foudroyer tous ses él=E8ves, et avec quel plaisir,
dans son exquise imprévoyance  ...

Un soir enchanteur, Jésus s'approcha de Marie encore plus que de coutume.

Joseph avait tellement eu envie de le faire avec la femme de Poutifar  ...
Il s'était arr=EAté vraiment au tout dernier moment, quand s'échappait déj=E0 le
divin liquide, et le regretta toute sa vie.

La senteur des oliviers et des orangers était =E0 son comble  (=E0 supposer
qu'elles soient synchrones dans l'année, ce
qui n'est nullement prouvé.   L'auteur émet toutes réserves l=E0-dessus.   Il
n'est m=EAme pas certain que les oliviers
embaument, contrairement aux orangers, qui l'enivr=E8rent un soir en Galilée,
aux approches du printemps).

La tendresse manifestée par les animaux était aussi ravissante
qu'exceptionnelle, et comme une invite =E0 vivre ce
qui est le meilleur, et de l'ordre de l'Eden, selon le Talmud, avec la Tora
et le soleil.
Ce qui est naturellement vrai et expérimentable, pour chacune des trois
voluptés, et indépendamment de toutes les
autres.

Jésus était né circoncis, donc parfait d=E8s la naissance, comme beaucoup
d'autres personnages augustes, dont un
musée des prépuces n'a heureusement pas été constitué pour l'observation
émerveillée des foules  :
Adam, Noé, Joseph, l'autre,  Mo=EFse, Jérémie  ...
Personne n'en a beaucoup parlé, mais Jésus tirait une grande fierté de sa
particularité, encore que discr=E8te.
Il n'aimait pas évoquer "cela", parlant de sujets plus symboliques encore.
Mais br=FBlant d'évoquer la signification de ce détail anatomico-académique.

Marie, elle, était née sans hymen.
On ne peut appeler ainsi le "prépuce postiche" que fut pour elle ce Joseph
suffisant et insuffisant.
Elle était, en m=EAme temps, et par nature, vierge et femme.
De par sa bien heureuse naissance.

Cette situation d'exception (de "moukat éts",  comme la désigne le Talmud)
la ravissait =E0 elle aussi, et lui révélait
surabondamment la dimension unique de sa haute destinée, m=EAme si cette
caractéristique  physique n'est pas rare  : 
c'était =E0 elle qu'elle était arrivée, pour son enchantement éternel  ...

Jésus comprit tout cela quand il eut la révélation enti=E8re du corps nu de sa
m=E8re, et qu'il en per=E7ut aussi les
profondeurs, apr=E8s les délicieuses rondeurs.
Heureusement, la différence d'=E2ge entre eux était faible, et il put ainsi
jouir aimablement d'elle.
Il entra tendrement en elle.
Il sut alors que c'était la premi=E8re fois qu'un contact aussi intime
émouvait la belle jeune fille, =E0 laquelle tout
homme était encore étrange, étranger  et inconnu.

En fait de corps d'homme, elle n'avait vécu jusqu'ici que celui de son
enfant, qui avait grandi exquisement, et qui
était devenu un homme,  cet homme merveilleux, =E0 la fois quelconque et
exceptionnel, qui la tenait divinement
blottie dans ses bras.
Elle aussi se sentait =E0 la fois vierge et putain, résolvant mystérieusement
dans l'unité la fatigante dialectique des
gnostiques.

Ils découvrirent donc ensemble la plénitude d'un amour pour lequel ils
étaient nés, de toute éternité, l'un pour
l'autre.
Perdant au m=EAme moment cette inconnaissance de l'union, dans une pureté et
une beauté o=F9 se  m=EAlaient amour,
désir, tendresse et accomplissement démesuré.
Comme si Dieu lui-m=EAme était présent dans le lit, mais sans les g=EAner par
une présence intempestive et incongrue,
comme c'est en général le cas de la ferveur, qui brise l'intimité plut=F4t
qu'elle la suscite et la favorise.

C'est alors qu'un extraordinaire miracle se produisit, bénissant la m=E8re,
parmi toutes les femmes, et l'enfant
sublime.
Bouleversant les temps et les usages, les lois et les principes, le tendre
amour, bien concret aussi, de Jésus,
féconda sa m=E8re.
Et il se trouva qu'il fut con=E7u, lui-m=EAme, par cette semence dont il n'avait
que pour la premi=E8re fois l'expérience,
plus chanceux que Jacob, qui ne l'éprouva qu'=E0 l'=E2ge de 84 ans.
Rétrospectivement, il s'avéra étrangement que Jésus était né de sa propre
semence, ouvrant ainsi des perspectives
inconnues =E0 une profonde psychologie, et en particulier, =E0 la sienne.

La doctrine correspondante peut para=EEtre étrange, et m=EAme difficile =E0
comprendre  :  effectivement, elle l'est assez,
et l'auteur est conscient de ce qu'il demande de croire quelque chose
d'assez absurde.
Mais pas plus que beaucoup d'autres, auxquelles les hommes adh=E8rent
verbalement et distraitement, sans les
assimiler aucunement.

Dorénavant, chaque fois que Jésus parlait snobement de "son p=E8re", il
faisait délicieusement allusion =E0 lui-m=EAme.
Mais il était seul  -  avec Dieu  -  =E0 le savoir.
Les autres pensaient qu'il s'agissait d'un de ces bergers qui continuait =E0
écumer les douces jeunes filles dans les
montagnes galiléennes  :  "Et pourtant, je lui ai tourné la t=EAte  !"

En effet, Dieu n'est pas un Zeus quelconque ridicule batifolant parmi les
jolies femmes, et l'analogie que l'on
pourrait établir entre lui et son "corps", doué de "semence", est absolument
inepte.
Elle réintroduit l'=EAtre humain dans une servitude dont Dieu, justement, =E0
l'occasion de la sortie d'Egypte, l'a
définitivement exempté.

Elle le prive de sa propre personne, en le condamnant =E0 fuir en je ne sais
quel "surhomme" une humanité
merveilleuse qui est bien assez parfaite comme cela.
Elle inocule =E0 l'homme une "ferveur" perverse, dans laquelle il trompe son
aimée, en imaginant que Dieu est
encore plus parfait qu'elle, et en tous points semblable =E0 son corps
charmant, auquel il ne pr=EAte plus une attention
suffisante.
Comme l'a dit Augustin, "aimer sa femme rel=E8ve de l'adult=E8re".   Bien s=FBr,
puisque c'est tromper Dieu, en le
frustrant des élans homosexuels auxquels il a un droit inaliénable, de par
sa péremptoire divinité.

Les enjolivements adoptés par les disciples incultes sur la personne de
Jésus travestirent compl=E8tement sa
vocation.
Comme tous les disciples, ils s'occup=E8rent de vétilles, en laissant
soigneusement de c=F4té ce qui importait vraiment.
Ils choisirent la date mythique de naissance du nouveau Dieu suivant celle
de la résurrection-naissance du "dieu-
taureau" Mithra, figeant l'essentiel, comme tous les médiocres, qui ne
savent jamais procéder que par analogie.
Et le 25 décembre empoisonna pendant longtemps l'univers des hommes, m=EAme en
toute la=EFcité.
Les disciples zélés  enlaidirent, terriblement, ce qui était infiniment beau.
C'était leur fonction normale de disciples.

Ils cré=E8rent une quelconque mythologie  "jésuite" destinée =E0 l'hellénisation
de la petite Judée, et ils en étaient tr=E8s
fiers.
Au point de propager cette imagerie désu=E8te jusqu'aux confins des univers
crédules.
Au point m=EAme de br=FBler en son nom, en croyant bien faire.
Bien s=FBr  :  tout corps autonome était adultérin, et frustrait
douloureusement le corps mystique des ébats qui
devaient surnaturellement =EAtre les siens.

La vérité, c'est que Jésus ne conna=EEt pas lui-m=EAme la date de sa naissance.
Pas plus que Mo=EFse ne conna=EEt le lieu de son tombeau, tragiquement renouvelé
=E0 chaque "oeuvre" vide.

Il est né le jour o=F9 il s'approcha intimement, pour la premi=E8re fois, de Marie.
Comme sont nés les sept enfants d'Adam et Eve, immédiatement apr=E8s leur
prodigieuse et premi=E8re union, qui les
vit tellement expérimentés et inexpérimentés.

Celle que miment toutes les unions, depuis lors, entre un homme et une femme.

Jésus était né =E0 ce moment précis.
Mais, en fait,  il était né "avant".

Jésus détestait les questions de généalogie.
Le rouleau compresseur des énumérations imbéciles des générations
enlaidissait son beau visage, et le mettait en
col=E8re, m=EAme s'il infesta les "bonnes nouvelles" d'une mani=E8re aussi
excessive qu'incontr=F4lée.

Jésus avait tué son p=E8re, un triste sire.   Ou du moins, devenu tel, du seul
fait qu'il n'avait pas "possédé" Marie.
Comme si une femme était "possédée" par qui que ce soit  ...
Elle s'appartient dans son vertigineux myst=E8re, m=EAme si elle s'habille pour
plaire, pour  se déshabilller aussi, en
somme.

Chaque jour, Jésus s'unissait =E0 sa m=E8re, dans les délices partagésPlus que quiconque elle le connaissait.
Plus que quiconque, elle était connue de lui.
Dans une joie qui les comblait, et qui donnait =E0 l'ensemble des univers sa
pleine signification  :
"Remplissez la terre, dominez-la  ..."

Ils connaissaient une unité en tout point semblable =E0 celle vécue par
beaucoup d'autres  :  comme celle d'Isis,
d'Osiris et de Horus par exemple, mais bien plus belle
Il était parfaitement heureux, comblé par sa vie et les bienfaits qu'il
faisait na=EEtre.
Il s'agissait d'une existence absolument divine,  qui rendait tr=E8s facile la
réalisation de quantité de miracles, tous
inspirés par le véritable amour.

Mais l'entourage était jaloux.
Chacun aurait voulu posséder, lui aussi, Marie.
Et se trouvait mieux placé que son fils pour cela.
Mais elle n'aimait que Jésus, et ses doux yeux étaient tout pleins d'un
amour unique quand elle le regardait.
Maternelle compagne, soeur m=EAme, aussi.

Les villageois décid=E8rent de tuer le compagnon délicieux.
Comme le dit le dicton  :  "Galili choté  !",  "Galiléen fou  !"
C'est celui par lequel Bérouria la géniale se moqua de Rabi Yossi Hagalili.

Les meurtriers en puissance, =E0 cause de leur impuissance =E0 se réaliser
eux-m=EAmes, appelaient Jésus "fils du p=E8re",
ou "Bar aba", devenu pour les étrangers "Barrabas",  "celui qui  est le fils
de lui-m=EAme", ce que la morale,
intelligemment comprise, réprouve.
Comme elle "réprouve" instinctivement quoi que ce soit de vivant, en étant
toute fi=E8re de le faire, dans son z=E8le
mortif=E8re qui se confond, pour elle, avec la sainteté et m=EAme la "logique".

Les "prétendants" finirent par assassiner Jésus, afin de favoriser un
mouvement touristique dans la région.
Mais ils furent dé=E7us en ce qui concerne Marie.
Loin de les accueillir, au moins dans son corps, comme elle l'avait fait
lors du précédent meurtre, elle vécut toute
sa vie dans la loyale nostalgie de son unique amour, Jésus, son fils, son
mari, et le p=E8re de son fils.

Mo=EFse tue l'égyptien, et son fils, plus tard, quand il "blasph=E8me"  :  crime
odieux, qui trouve toujours son Créon
pour le condamner et le punir.
Jésus tue son p=E8re, et il est tué, ensuite, par ses fr=E8res.
Destins parall=E8les, unis dans les imaginaires des peuples dociles.

Rien ne pourrait  séparer Marie et Jésus, désormais.
Elle lui était unie dans l'amour, m=EAme si ses contemporains et les
différentes générations n'avaient rien compris =E0
leur lien intime, bien plus beau que les chicaneries des Montaigu et des
Capulet  (Montobtus et Crapulet), ou le
philtre créant "mécaniquement" l'"amour" chez Tristan et Iseult.

Roméo et Juliette ne sont gu=E8re amoureux l'un de l'autre  :  uniquement du
paradoxe de leur audace.

Tristan et Iseult ne sont pas amoureux l'un de l'autre  :  ils sont
simplement pharmaceutiquement  "possédés" par
une mixture qui les oblige =E0 des gestes dont ils sont prisonniers, que les
prostituées désolées et esseulées appellent
"faire l'amour".

Marie souffrait de voir toutes ces Marie, au long des temps, tellement vierges.
Frustrantes et frustrées, pour rien.
Elle soupirait  :  "Quel dommage  !"
Mais que pouvait-elle faire pour elles, dans leur vivante erreur  ?

Elle avait suffisamment révolutionné la famille, et préféra laisser ces
espagnoles et ces italiennes, ces fran=E7aises et
ces flamandes, ces allemandes et ces anglaises, et m=EAme ces africaines et
ces asiatiques, =E0 leurs choix irraisonnés.

La frigidité est avant tout psychique  :  quand on  ne sait ce qu'est un
=EAtre humain.
Quand on ne saurait le savoir.
Surtout quand on se veut vierge, contrairement au but normal de Dieu en
créant cette personne pour sa joie =E0 elle.

Cette virginité--frigidité de mortification ne peut que rendre impitoyable
envers autrui.
Quand on ne ressent pas son existence comme tellement proche, tellement
importante.

Quand on ne veut que l'endoctriner, sans aucunement se soucier de sa personne.
Et que l'on a l'hypocrisie, et la b=EAtise, de considérer que c'est la m=EAme chose.

Dans le refoulement d'une soi-disant transposition, qui ne se rend pas
compte qu'un "royaume" imposteur n'est
que le néant, le prétexte du vide intérieur.

Marie ne put que subir le déferlement de la passion louche.

Le dard de Thér=E8se d'Avila aurait pu =EAtre plus consistant.
Les extases, le feu intérieur, les visions de Catherine de G=EAnes auraient pu
la combler.
Pauvre Marie-Madeleine de Pazzi, voyant l'homme en Dieu, et Dieu en l'homme.
Désappropriation de soi  pour rien de Marie de l'Incarnation.
Sainte contemplation de Madame Guyon, se quittant elle-m=EAme.
Extases symphoniques de Hildegarde de Bingen, émouvantes et un peu folles.
Mechtilde de Magdebourg, qui se donne malheureusement =E0 Dieu, son p=E8re par
nature, son fr=E8re par l'humanité,
son fiancé par l'amour.   Comme =E0 un homme, un simple homme, qu'elle aurait
pu conna=EEtre d'une mani=E8re plus
précieuse.
Hadewijch d'Anvers, qui demeure volontiers seule, pour aimer l'amour et le
posséder.   Que poss=E8de la
malheureuse  ?
Marguerite Porete, connaissant son néant qui lui donne tout, =E0 qui plus rien
n'importe, sinon ce qu'il veut.
Mais que veut cet absent  ?   Surtout pas elle, comme l'eut voulue un amant
béni.
Catherine de Sienne, docteur de l'Eglise, au pied pieusement exposé =E0 Venise
ville des amants.   Comme si c'était
si beau de démembrer les pauvres saints qui n'ont pas donné leur corps =E0 la
religion.
Navrante et sensuelle Ang=E8le de Foligno, se déshabillant et se mettant
constamment toute nue pour s'offrir au fils
de Marie  :  n'était-ce pas un inutile adult=E8re sans bonheur  ?

Mo=EFse, lui aussi ne parlait =E0 Dieu que "comme on parle =E0 un ami"  :  faute
d'en avoir un.

Les eaux am=E8res de Mara humectent d'amertume les doux yeux de Marie.
Comme elle souffre de son incapacité =E0 aider les humains plus qu'elle ne l'a
fait, en femme trop faible  !

Mais Dieu enseigne un arbre =E0 Mo=EFse.
Les eaux s'adoucissent gr=E2ce =E0 cet '"arbre montré".

Mais quand il est récusé d=E8s la naissance, par la secte aux bonnes
intentions, tellement certaine de sa "supériorité",
dans la pauvreté de son inspiration, et le lamentable de ses dérives, que
peut faire la pauvre Marie  ?   Peut-=EAtre a-
t-elle seulement honte des agissements ultérieurs de la sainte famille  ?

Jocaste est morte, Marie est morte.
Les pieds percés d'Oedipe, comme ceux de Jésus, sont une insupportable et
terrible douleur.

Et le monde, dé=E7u par ce qu'il appelle, ind=FBment, "l'amour", vacille ...

Pourquoi manque-t-il tellement de courage, d'audace, de confiance  envers
l'amour  ?
Est-ce seulement =E0 cause de ces si mauvaises habitudes, transmises tellement
inexorablement =E0 travers les époques 
?







									Rapha=EBl Cohen







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92100	Boulogne
France

Téléphone 	(33)	01.48.25.36.17

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