Subject: Tr: Date: Wed, 30 Aug 2000 03:47:23 +0200 > > Anything about Ibn Khaldun center in cairo (except the previous post about the case) ? I used to know them when I was working in the French CEDEJ, where they used to have close contacts to them... I'd like to get a "postcolonial" ((....)) background to them... > > Arrêté le 30 juin, Saadadîn Ibrahim, défenseur des droits de l'homme, de > la société civile et des minorités, a été remis en liberté provisoire. > > Plaidoyer pour un Egyptien libéral > > Par HALKAWT HAKIM > Halkawt Hakim est maître de conférences à l'Institut national des langues et > civilisations orientales. > > Le mercredi 30 aout 2000 > > > > > «Saadadîn Ibrahim pourrait avoir été arrêté tout simplement parce > qu'il venait de lancer l'idée d'une commission de surveillance des élections > législatives. écidément, les libéraux égyptiens n'ont pas le vent en poupe > ces temps-ci. Autrefois, enviés par leurs confrères arabes pour la liberté > d'expression dont ils bénéficiaient, aujourd'hui, ils attendent le soutien > de ces derniers contre le sort qui leur est réservé. > A peine apaisé le vacarme autour de Hamed Abou Zayd, l'universitaire qui osa > mettre en question la position de l'islam à l'égard de la femme, que nous > voilà face aux images de l'un des grands intellectuels du monde arabe, > Saadadîn Ibrahim, menotté et traîné en prison comme un vulgaire criminel. > Entendons-nous bien, nous sommes en Egypte et non pas ailleurs. > > Directeur du centre Ibn Khaldoun pour les études du développement, > professeur de sociologie à l'université américaine du Caire et membre > fondateur de la ligue égyptienne des droits de l'homme, Saadadîn Ibrahim > vient de passer quarante jours en garde à vue, au cours desquels les > journaux arabes internationaux et nationaux, et en particulier égyptiens, > ont relaté les rebondissements de cette affaire en première page. Des > journalistes et des hommes politiques se sont déchaînés pour écraser celui > qui a osé parler des sujets tabous réservés exclusivement aux autorités en > place. > > Les communiqués officiels accusent Saadadîn Ibrahim d'avoir reçu de > «l'argent des sources étrangères en échange de fausses informations sur la > situation en Egypte et dans la région arabe. Ces informations constituaient, > affirment les communiqués, la base de la prise de position des institutions > internationales contre l'Egypte et d'autres pays arabes. Elles portaient > ainsi préjudice à la sécurité nationale». > > Ces sources étrangères sont les Etats-Unis et l'Union européenne. Le > Tribunal de sûreté de l'Etat accuse cet universitaire de renommée > internationale d'avoir également trompé les institutions et les Etats > étrangers pour obtenir une aide d'environ 20 millions de francs qui auraient > été dépensés dans des opérations de corruption. > > Il est accusé aussi d'avoir atteint à l'unité nationale en créant une > dissension entre Coptes et musulmans. En effet, on lui reproche de qualifier > trop souvent les Coptes de minorité, ce qui est impardonnable, au regard des > règles politiques établies dans ce pays. On lui fait porter, pour ainsi > dire, comme aux organisations coptes en Occident, la responsabilité de > l'adoption par le Congrès américain d'une loi sur la liberté religieuse dans > le monde, par laquelle l'Egypte s'est sentie particulièrement visée. > > Enfin, le procureur général vient de l'inculper «d'intelligence avec un Etat > étranger, autrement dit les Etats-Unis, dans le but de nuire aux intérêts > militaires, politiques et économiques de l'Egypte». Cette sorte d'accusation > s'appuie dans le cas de Saadadîn Ibrahim sur «sa participation à une > conférence organisée, en avril 1994, par le Collège de la défense nationale > du ministère de la Défense américain». Or l'accusé n'était pas le seul > Egyptien, onze autres personnalités, militaires et civiles, y étaient > présentes. La communication du sociologue portait sur le fondamentalisme > islamique en Egypte. > > Les autorités ont pris pour preuve contre lui un court métrage dont la > réalisation a été demandée par son centre, incitant les Egyptiens à > participer aux élections législatives, prévues pour le mois de novembre. On > y aborde, il faut le dire, la question de la fraude électorale en Egypte. > L'arrestation, depuis le 30 juin, de Saadadîn Ibrahim avec huit autres > personnes du centre Ibn Khaldoun et de nombreux chercheurs ayant collaboré > avec lui fait la une des journaux. > > Les Etats-Unis ont multiplié les interventions au plus haut niveau, afin > d'arrêter les mesures prises à l'encontre de Saadadîn Ibrahim qui porte la > double nationalité égyptienne et américaine. Une crise diplomatique n'est > pas à exclure entre les deux pays. Mais s'il semble que le sociologue soit > pris pour un bouc émissaire dans des différents politiques, la haine contre > l'homme, son centre et les sujets qu'il avait défendus se déchaîne d'une > manière peu honorable. > > Saadadîn Ibrahim est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l'islam politique, > les minorités religieuses et ethniques au Proche-Orient, l'autorité > politique dans les pays arabes et la démocratie en Egypte. Fervent défenseur > de la société civile, de la démocratie, des droits de l'homme, des droits > des minorités, de la paix dans la région et de la normalisation avec Israël, > cet intellectuel infatigable a dû affronter l'hostilité d'un grand nombre > d'intellectuels et d'hommes politiques dans l'ensemble des pays arabes. Les > débats auxquels il a participé au cours des années de violences islamistes > de 1992 à 1997 l'ont placé en première ligne des intellectuels les plus > menacés, au point qu'il lui a été imposé une protection rapprochée par ce > même gouvernement qui lui tourne le dos aujourd'hui. > > Peu d'intellectuels ont pris sa défense depuis son arrestation. D'abord, de > peur de subir le même sort, ensuite, parce que Saadadîn Ibrahim s'est fait > beaucoup d'ennemis au cours de sa carrière, surtout en s'attaquant aux > sujets tabous, tels que la normalisation des relations avec Israël, les > droits des Coptes en tant que minorité distincte et les droits des minorités > religieuses et ethniques dans les pays arabes. Il a développé une nouvelle > vision sur la relation entre l'intelligentsia et les pouvoirs monarchiques > en soutenant que les régimes monarchiques arabes étaient plus stables et > plus humanistes que les Républiques postcolonialistes soumises aux coups > d'Etat perpétuels qui promettent le paradis aux populations et pratiquent la > répression féroce. Cette idée, rejetée alors par les intellectuels de gauche > en particulier, est largement admise aujourd'hui. > > Ses positions sur les problèmes des minorités lui ont attiré les foudres des > autorités de nombreux pays arabes concernés. Le pouvoir égyptien comme > l'opposition nationaliste et islamiste ne lui a pas pardonné d'assimiler les > Coptes à une minorité vivant parmi la majorité musulmane. La conférence > internationale qu'organisa son centre, en mai 1994, sur la situation de > certaines minorités dans le monde arabe a crée un tollé sans précédent. > Cette conférence était consacrée à l'étude de la situation de plusieurs > minorités: les Coptes en Egypte, les chrétiens au Soudan, les Kurdes en > Irak, les Berbères en Algérie, les Arméniens au Liban et les Druzes en > Israël. Le gouvernement égyptien ayant refusé la tenue de la conférence au > Caire, le Maroc, le Liban, Chypre et le Parti socialiste français avaient > proposé, d'après la presse arabe d'alors, d'accueillir la conférence dans > leurs pays respectifs. C'est finalement à Chypre qu'elle eut lieu. > > Selon le secrétaire général de la Ligue des droits de l'homme égyptien, > Hafiz Abou Saada, l'arrestation de Saadadîn Ibrahim et de ses collaborateurs > vise à discréditer un homme dont les prises de position ne cessent de gêner > le gouvernement. Mais c'est aussi pour faire croire aux organisations > internationales que les sommes accordées au centre Ibn Khaldoun ne sont pas > utilisées comme elles le souhaitent. C'est enfin dans le but de mettre en > garde d'autres organismes de la société civile et les élites égyptiennes > contre toute démarche pouvant déplaire au gouvernement en place. C'est ce > qui fait dire à un certain nombre d'observateurs que le directeur du centre > Ibn Khaldoun fut arrêté tout simplement parce qu'il venait de lancer l'idée > d'une commission de surveillance des élections législatives et qu'il > multipliait les interventions et les contacts dans ce sens. Déjà, en 1995, > son centre avait placé des observateurs dans 88 bureaux de vote. Leurs > rapports avaient abouti à l'annulation de nombreux résultats. > > Même si Saadadîn Ibrahim vient d'être mis en liberté provisoire, sur > «intervention du président de la République», c'est un homme que l'on a > voulu écraser, parce qu'il n'a pas hésité à briser la façade d'unanimisme > dans un monde où l'on est élu avec 99 % des voix si d'aventure il y a des > élections! > > Devenu un symbole du libéralisme, des droits de l'homme et des minorités, si > Saadadîn Ibrahim est condamné, c'est une voix courageuse pour la démocratie, > la justice et les libertés qui sera étouffée dans le monde arabe. > > > Rebond précédent - suivant > > Chercher un article rebonds par un mot ou une phrase: > > > Rebonds > Retour au sommaire Quotidien > > © Libération > > > > --- from list postcolonial-AT-lists.village.virginia.edu ---
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